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[Mathieu Arès] Le grand désengagement envers la Chine : le cas du Canada.

Mathieu Arès

Professeur- membre du Centre d'études sur l'intégration et la mondialisation ( CEIM),

Ecole de politique appliquée, Faculté des lettres et des sciences humaines, Université  de Sherbrooke

 

Dans une économie mondialisée où les chaînes de valeurs assurent environ 70 % du commerce total des biens (OECD 2021) tandis que l’Asie, et en particulier la Chine, est devenue l’atelier du monde. Les relations de nombreux États et la Chine constituent un cas d’exemple d’une situation d’interdépendance complexe (Keohane et Nye 2011). C’est-à-dire qu’au-delà des tensions politiques et stratégiques que des États ont avec la Chine, ils se trouvent imbriqués, notamment via l’investissement direct étranger, les flux commerciaux et les chaînes de valeurs, dans une intense relation commerciale qui assure une part significative de leur prospérité. De plus, la pandémie de COVID-19 a perturbé les chaînes de valeurs mondiales et l'approvisionnement international. C'est dans ce contexte qu'un discours antichinois et des appels au désengagement notamment aux États-Unis prennent de plus en plus d'ampleur.

Le conférence sera l’occasion de valider si le désengagement prôné se vérifie dans le réel. Ce qui est au coeur du questionnement sont la stabilité internationale et régionale, la gouvernance de l'économie mondiale et le bien-être économique.

Si, comme on le croit, l’hypothèse du désengagement envers la Chine se confirme, nous nous questionnerons sur ses causes et ses modalités de mise en œuvre. Trois sous-questions nous préoccupent particulièrement :

  • Est-ce que les États-Unis font cavalier seul ou voit-on un mouvement généralisé en faveur d’une politique de désengagement ?
  • Est-ce que les firmes établies en Chine emboitent le pas et quittent ? De manière généralisée ou sectorielle ?
  • Et, assistons-nous à un rapatriement de la production des firmes établies en Chine vers leur pays d’origine ou à une relocalisation ailleurs de leurs activités, notamment en Asie du Sud-Est ?

L’hypothèse générale stipule que les relations avec la Chine sont conditionnées à la fois par le rang qu’occupe chacun des États dans la structure de puissance (militaire, économique et géopolitique) et par l’intensité de la dépendance économique envers la Chine. Lors du colloque l’emphase sera mise notamment sur le cas du Canada.